ANR Pix Illyrica 2021-2027

Programme de l’ANR Pix

 

Légende de l’illustration : Les méandres de la Vjosë vus depuis l’acropole antique qui surplombe le village d’Armen dans la région de Selenicë (© F. Quantin)

 

Des gisements de bitume, pix en latin, sont connus et exploités dans la basse vallée de la Vjosë dans le sud de l’Albanie depuis l’Antiquité et certains d’entre eux sont encore en activité aujourd’hui, comme les mines de Selenicë. Par ses usages – l’étanchéité des céramiques, le calfatage des navires jusqu’à l’asphaltage des pistes d’aéroport –, par les particularités de son extraction et de son traitement, par ses effets durables sur l’environnement comme par sa valeur symbolique ou cultuelle, le bitume offre un prisme pour observer dans la longue durée les imbrications et le rayonnement d’une région de l’échelle locale aux dimensions méditerranéenne et mondiale.
Le premier objectif de ce programme lauréat de l’ANR est de réfléchir à la façon dont l’exploitation du bitume dans cette région sur la longue durée peut constituer un objet de recherche pertinent permettant d’éclairer de manière renouvelée des questions archéologiques, historiques, environnementales et sanitaires. Sur le plan archéologique, il s’agit en particulier de situer un sanctuaire oraculaire important pour la géographie historique et politique locale, le Nymphaion, afin de l’explorer et d’en protéger les vestiges. La valeur économique et symbolique du bitume a eu un impact sur les rapports de pouvoir, les structures foncières, les relations sociales et sur l’environnement à toutes les périodes considérées. L’histoire de la ville minière de Selenicë et des villages environnants depuis l’époque ottomane soulève plusieurs questions : celle des relations entre Valaques et Albanais ; celle des mines comme lieu de relégation pour les condamnés politiques, pratique attestée à l’époque ottomane comme à l’époque communiste ; celle du rapport entre exploitation du bitume et systèmes agro-pastoraux ; celle de l’industrialisation et de la modernisation de la société albanaise. Le bitume constitue ainsi un puissant agent de structuration territoriale, spatiale, sociale, culturelle et environnementale.
Le deuxième objectif est d’appliquer au bitume et à ses usages une collaboration interdisciplinaire souhaitée depuis plusieurs années par les différents partenaires en réfléchissant à la façon dont chaque discipline impliquée contribue à construire cet objet et, en retour, est affectée par lui. L’équipe rassemble à cet effet des archéologues, des spécialistes des systèmes agro-pastoraux, des spécialistes d’histoire antique, d’histoire médiévale, d’histoire byzantine, d’histoire ottomane et d’histoire du XXe siècle, un anthropologue, un géologue et un architecte.

Ce travail a été initié dans le cadre du laboratoire d’excellence LabexMed. Les institutions partenaires sont l’Institut archéologique d’Albanie, l’Université de Tirana, l’Université d’Aix-Marseille et la MMSH (IRAA, TELEMMe, IDEMEC), l’Université de Pau et des pays de l’Adour (IRAA et LFCR), le CNRS, l’EHESS (CETOBaC), l’Association Internationale pour le Développement de l’Agro-environnement.