Colloque « Lieux de culte en Gaule du Sud (IIe s. av. J.-C. – Ve s. ap. J.-C.) » – Montpellier – Chiara Bozzi « Nouvelles données sur le Grand Temple de la ville romaine de Luni (La Spezia, Italie) »

Appel à communications « Lieux de culte en Gaule du Sud (IIe s. av. J.-C.-Ve s. ap. J.-C.) et dans les provinces limitrophes »
Colloque international, 10-12 mars 2021, Montpellier

Le colloque Lieux de culte en Gaule du Sud (IIe s. av. J.-C.-Ve s. ap. J.-C.) vient clore plusieurs années de travail collectif et permet de proposer à la communauté scientifique un bilan sur cette question. En parallèle de présentations topographiques et architecturales, il sera l’occasion d’aborder les thématiques complémentaires des mobiliers cultuels, des divinités vénérées, des structures de la religion domestique … De même que l’Atlas des lieux de culte, les actes du colloque sont destinés à être rapidement publiés dans un supplément de la Revue Archéologique de Narbonnaise.

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Colloque « Lieux de culte » – Montpellier – Mars 2021

Chiara Bozzi (Doctorante Université Ca’ Foscari–Venise/ Aix-Marseille Université) – IRAA

Le Grand Temple est situé dans l’angle nord-ouest de la ville romaine de Luni, près des murs, dans la zone la plus élevée du site. La première phase de construction remonte à l’époque républicaine, peu après la fondation de la ville en 177 avant J.-C. Le temple devait être toscan sur un podium avec une cella tripartite et une décoration en terre cuite et il était dédié probablement à Luna, la déesse locale qui avait donné son nom à la colonie romaine. À cette phase appartiennent les célèbres sculptures en terre cuite connues comme frontons “A” et “B”, dont l’identification et la datation sont encore très problématiques. Ensuite, entre l’époque augustéenne et la période tibérienne, une porticus est construite avec une grande place pavée en marbre. L’occasion d’une telle rénovation pourrait avoir été une deuxième déduction coloniale par Octavien, probablement en 28 avant J.-C. Octavien était aussi le patron de la ville et le rôle de patronus prévoyait des interventions concrètes, surtout dans le cadre de l’architecture monumentale et le Grand Temple est le seul édifice public qui conserve des matériels qui se rapportent à l’âge augustéenne. En outre, il ne faut pas oublier le lien qui existait entre le princeps et Diane-Luna après la victoire de Nauloque (36 avant J.-C.). La décision d’intervenir sur ce temple est due, peut-être, à des motivations de type idéologique. La structure architecturale du temple est analysée et on propose une reconstruction hypothétique du bâtiment, fondée sur l’analyse des matériels architecturales pertinents à cette phase. En outre, on réfléchit à la possible introduction du culte impérial à l’époque d’Auguste, au commanditaire et au rôle qu’Auguste, en tant que patron de Luni, aurait pu jouer dans cette rénovation. Enfin il y a une dernière phase, documentée par une inscription monumentale, datée à l’époque sévérienne. Le podium est surélevé et la place devient plus petite en raison de la création d’un escalier monumental permettant l’accès au temple. Peut-être existait-il un lien particulier entre les citoyens de Luni et les Sévères, en raison d’un nouvel intérêt de cette dynastie pour l’activité extractive du marbre ou pour un projet de rénovation urbanistique, dont seulement le Grand Temple conserve la trace. Enfin, on présente les derniers travaux de construction et l’abandon définitif du bâtiment.

L’étude de ce monument s’insère dans le cadre d’un projet de doctorat qui se déroule à l’Université Ca’ Foscari en cotutelle avec l’Université d’Aix-Marseille. Ce travail a permis de réinterpréter les données des anciennes excavations et de parvenir à une nouvelle interprétation des structures en reconstruisant la décoration architecturale des différentes phases de construction. On propose donc une communication de synthèse qui cherche à mettre ensemble les données d’excavation, l’analyse de la stratigraphie murale, l’étude de la décoration architecturale en marbre et en terre cuite et les inscriptions pertinentes au bâtiment. L’édition des éléments architecturaux du Grand Temple a permis non seulement de reconstituer le projet architectural de ce complexe, mais aussi d’analyser l’introduction dans la ville du culte impérial et plus généralement de faire d’autres considérations sur la circulation des modèles architecturaux dans l’Italie du début de l’empire, sur le rôle des marmorarii spécialisés de Luni et sur le rapport privilégié avec les carrières de marbre. Le Grand Temple, bien que situé dans une zone périphérique de la ville, a toujours conservé un rôle central à Luni, surtout à l’époque augustéenne/tibérienne et à l’époque sévérienne. Il s’agit aussi du principal chantier du premier âge impérial et du premier édifice public réalisé avec une grande quantité de marbre, un choix qui démontre l’importance de ce bâtiment.

 

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